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dimanche 10 juillet 2016

Le Jardin des Têtiaux de Danielle et Jérôme.

Quand le monde ancien finit par disparaître et que le nouveau se fait attendre, il y a un clair-obscur d’où surgissent les monstres, dit-on parfois. Pour l’agriculture biologique et les mouvements politiques s’y référant, le temps s’annonce difficile. Et pourtant, sa vraie histoire s’écrit avec vigueur et force loin du monde et du bruit. Nous le devons aussi au Jardin des Têtiaux.



 


Avant, l’agriculture bio avait peine à s’imposer. Aujourd’hui, le bio business est dans les starting-blocks. Le grand marché de Rungis ouvre son pavillon bio et les grandes surfaces arborent leurs gondoles vertes. Même Danone, à coup de milliards d’euros d’acquisition, veut devenir le leader mondial des produits laitiers bio. Quelques signes clairs que la cupidité humaine voit en l’agriculture biologique de nouvelles sources de profits. Les labels eux-mêmes seront menacés de détournement de leurs propres contenus. À quand les vastes étendues de culture de cresson parce que le cresson rapporte ? Jérôme Laby sort une bouteille de limonade remplie de Bourgueil, celui d’un de ses amis, bio jusque dans sa fine mousse pourpre que l’agitation du service venait de lui donner, nous sert un verre, referme la capsule de limonade et jette un regard rêveur sur les 3.000 m2 de son jardin maraîcher qu’il partage avec sa compagne Danielle Wharmby. Il y a là trente à quarante variétés de légumes qui poussent pour nos assiettes, issus de pleine terre ou des cinq tunnels couverts. Dans quelques semaines les tomates seront prêtes pour les livraisons.


 


 
Micro ferme en transition, voilà ce que nous faisons, m’explique encore Jérôme. On est venu s’installer ici avec Danielle après notre formation maraîchère chez mon patron et ami dans les Ardennes. On a acquis ici d’anciennes prairies ensauvagées, on a déboisé, débroussaillé, construit notre yourte berrichonne. Ici, venant de l’extérieur, il n’y a que le téléphone donc l’Internet. On a trouvé la ligne en arrivant dans cet ancien bâtiment qu’on retape. L’eau de source est excellente. Nous produisons notre électricité nous-mêmes avec nos panneaux photovoltaïques et cette pile d’origine hollandaise stockant le courant qu’il nous faut quand le soleil n’est pas de la partie. Le chemin de terre traverse le bois, ici des Têtiaux, pour rejoindre le hameau de La Gaucherie de la commune de Dampierre en Crôts qui va en empierrer les passages difficiles. Nous sommes autosuffisants pour l’essentiel. Quelques volailles, notre jardin et les amis qui passent. Nous nous procurons dans le réseau local ce qui nous manque, le pain, la viande parfois, les produits laitiers et les céréales.

Nous essayons de rendre le travail de la terre rationnel en divisant les parterres en sections égales. De cette manière nous savons par avance combien de plans il faut préparer pour chaque variété qu’on y cultive. Nous sommes peu mécanisés, pour le moment l’essentiel se fait par la force de nos bras. Nous organisons notre travail selon les variations de la lune, elle nous donne une trame bien utile.   

Les abeilles, là, c’est pour la pollinisation. On les attire sous les tunnels des serres par des fleurs. On les a mises dans une ruche Warré qui respecte la forme naturelle de l’essaim.

Nous continuons la visite du jardin par la basse-cour, la source généreuse qui alimente les gouttes à gouttes, un très ancien lavoir à l’ombre des frondaisons. D’ailleurs Têtiaux, explique Jérôme, vient du nom alors donné aux arbres auxquels on coupait la tête pour récupérer le bois sans les abattre. On passe aux particularités du sol. C’est là que tout commence. On ne fait rien contre la terre, on doit faire avec elle. Tout part de là.



Danielle prépare le développement d’un jardin de simples, plantes aromatiques et médicinales au terme de sa formation à Lyon.

Danielle et Jérôme sont des pionniers. Ils ne bousculent rien ni personne. Ils avancent en cherchant à se plier avec intelligence aux contraintes de la nature. Leurs terres sont les friches abandonnées par l’exode rural du siècle dernier qu’ils remettent brillamment en valeur.

Ils livrent la Coop du Pays fort les mercredis, préparent une vingtaine de paniers  pour l'Amap du Pays Fort à Chevaize à 6 km de Vailly sur Sauldre le vendredi soir à 18h30. Ils livrent aussi le restaurant de la Récréation gourmande à Villegenon et celui de Chez les filles à La Borne.

 


Alors que l’écologie se perd souvent dans les arcanes des idéologies politiques d’autres temps, s’enivrant de calculs partisans, alors qu’elle se perd elle-même dans le chaos des phrases et des mots, dans le secret de ce jardin se construit la transition.

Les Jardins des Têtiaux.
Danielle Wharmby et Jérôme Laby
Les Communs. La Gaucherie.
18260 Dampierre en Crôt.
Tél 06 28 02 02 39
Pendant la saison : tous les mercredis, vente des légumes à la Coop.
Stand sur le marché de Henrichemont en été.

Actualisation:
Danielle et Jérôme ont quitté leur exploitation en 2019 et se sont installés en Isère (Le Haut Breda).
Manu assure la continuité et la présence sur le marché d'Henrichemont. 

GH